Markt 9,1750 Lennik
02 582 89 92 – site web
ouvert du jeudi au vendredi
de midi à 13h30 et de 19h à 20:30,
le samedi et le lunid de 19h à 20:30
et le dimanche de midi à 13h30 et de 18h30 à 20:30
lunch 2 services : 32€
menu 5 services : 74€
Préambule
On a tous des des attentes plus ou moins élevées – et surtout plus ou moins précises – en matière de restaurant gastronomique. Encore plus lorsqu’il s’agit finalement d’un restaurant étoilé. Concernant le service, l’atmosphère, la cadence, les saveurs, les cuissons, les associations, les wine-pairings, et j’en passe. Ces attentes restent, même si les grands guides ont tenté de les standardiser, on ne peut plus subjectives – mais surtout, elles évoluent pour chacun avec le temps.
En ce qui me concerne, si la qualité des produits et la perfection des cuissons est un sans faute tout au long de mon repas, c’est devenu un pré-requis plutôt qu’un but en soi. Aujourd’hui, je m’ennuie vite d’un gastro qui me sert une viande parfaitement cuite, à basse température, dont la couleur laisse deviner sa tendreté et sa perfection – aussi délicieuse soit-elle. Comme je le disais, c’est personnel. Mais moi ce que je recherche aujourd’hui, c’est la surprise. J’aime quand ça explose. Du rock and roll dans les assiettes d’un chef qui peut se le permettre parce qu’avant d’avoir laissé parler sa créativité et son brin de folie, il s’est évertué à cocher toutes les cases de techniques, connaissances et savoir faire. Un brin de folie savamment amené, parfaitement réussi et légitimé.
Et des détails. Ce que j’aime par dessus tout dans un gastro où on met le prix, ce sont les détails. La belle vaisselle, les jolis couverts -parfois différents à chaque service -, les mises en bouche, les mignardises, les verres aux pieds extrêmement fins qu’on tient du bout des doigts pour ne pas risquer de les casser.
Et puis le service. Mais en fait surtout le service. Comme pour les cuissons, le professionnalisme dans ce genre d’établissement est la norme, plus qu’une finalité en soi. Ce qui fait la différence à mon sens, c’est quand professionnel se mêle avec accessible. Des connaissances sans prétention. De vrais gens, qui aiment et maîtrisent leur boulot, mais avec qui il est possible d’avoir une conversation détendue et sur le même pied d’égalité, sans qu’une quelconque hiérarchie entre celui qui sert et celui qui doit être servi ne laisse de malaise. En partageant des goûts, des avis et même parfois des recettes et des histoires. Un service qui nous donne l’impression d’être à notre place, qui donne au lieu toute sa vie et toute son âme, et qui donne au moment qu’on est en train de vivre sa vraie saveur.
Sir Kwinten
Chez Sir Kwinten, la localisation et même la déco étaient assez loin des adresses qui constituent habituellement l’ADN de la sélection Brussels’ Kitchen. Mais l’expérience était telle qu’elle méritait d’être racontée. D’abord, le repas, était bien sûr excellent. Ce qui m’a scotchée moi, c’était les Saint-Jacques, judicieusement servies avec une crème de vieux fromage belge – dont je ne me rappelle malheureusement plus le nom. J’ai trouvé ça incroyable. Inattendu même, et pourtant ça fonctionnait si bien. On a été tout aussi bluffés par le homard servi avec son consommé, du kimchi, de l’avocat, et de l’algue nori. Bonheur. Et puis même si tout était très bon, la cerise, ce fut le service. Le pain sans gluten, sans avoir dû prévenir à l’avance. Les explications en toute décontraction sur les vins par l’exceptionnel sommelier Yannick Dehandschutter, d’ailleurs primé en 2019 au Gault & Millau. Et puis le choix de cette gueuze « 3 Fonteinen », parfaite pour souligner l’association du fromage avec les Saint-Jacques. Le genre de pairing qui ne laisse pas indifférent.
Pourtant, ce qui nous avait amené jusque là, ce n’était ni le titre du sommelier ni celui du talentueux chef Glen Verhasselt, mais la présence du jeune sous-chef Gus Goosens en cuisine, qui avait été le seul à représenter en 2019 la Belgique à la compétition des San Pellegrino Young Chefs. Un talent qui avait l’air prometteur, et qui méritait selon nous le déplacement. Ce n’est que sur place que nous avions réalisé que le resto – en plus de son prix de meilleur sommelier en 2019 et de meilleur jeune chef en 2020 au Gault & Millau – venait également d’être récompensé d’une étoile. Loin de nous l’idée de nous rendre dans un resto juste pour ça, et pourtant, ça sonnait étonnamment juste. Le Guide Michelin dit qu’un resto ayant décroché une étoile vaut l’étape. Pour nous Sir Kwinten vaut clairement le voyage. A ajouter d’urgence aux adresses que vous réservez pour les occasions spéciales.